Maïlys SEYDOUX-DUMAS

 
 
Haïm Kern et Maïlys Seydoux-Dumas proposent un duo artistique à la Maison des arts et loisirs de Laon  


L'Union,11 octobre 2023, par Marie-Pierre Duval


Pour sa première exposition de la saison, la Maison des arts et loisirs de Laon ouvre ses portes à deux artistes, Haïm Kern et Maïlys Seydoux-Dumas. Sculptures et peintures se mêlent dans un ballet parfaitement réglé. À découvrir dès ce mercredi 11 octobre.

Une sculpture emblématique à la Caverne du Dragon, une « Trace » au plateau de Californie, une « Liberté » dans la cour de la préfecture, pour certains Laonnois, l’artiste Haïm Kern a marqué le territoire de diverses façons. À partir de ce mercredi 11 octobre, la Maison des arts et loisirs de Laon lui ouvre ses portes et offre ainsi aux visiteurs la possibilité de découvrir la richesse de son univers, fait de mots et de bronze. Baptisée « D’hier à deux mains », cette exposition retrace soixante ans d’une vie artistique bien remplie.
Cependant, Haïm Kern ne se présente pas seul sur le devant de la scène, il est accompagné de Maïlys Seydoux-Dumas, une peintre avec laquelle il collabore depuis plusieurs années.
Il s’agit de découvrir le travail d’un artiste à travers le regard d’un autre artiste

Maïlys Seydoux-Dumas

« L’idée de cette collaboration est venue surtout parce que l’œuvre de Haïm me parle », explique Maïlys Seydoux-Dumas. Pour appuyer ses dires, l’artiste pointe l’un de ses tableaux où elle a dessiné ce qu’elle voyait de la fenêtre de chez Haïm Kern, une vue sur son atelier. Au milieu des feuillages et des ornements du balcon, on devine l’œuvre du sculpteur. Sculpture monumentale en barbelés, têtes de bronze se partagent l’espace avec les pastels, les dessins et les petits mots écrits à la main ou en lettres de métal. « Cette exposition retrace plusieurs décennies de travail, précise Haïm Kern. Il y a un peu de tout avec une présence symbolique du Chemin des Dames. » En effet, toutes les œuvres que l’auteur classe dans la catégorie violence ont été sorties des réserves du Conseil départemental pour l’occasion. Aux œuvres de l’artiste répondent celles de Maïlys Seydoux-Dumas, comme celles de la peintre sont accompagnées de petits mots du sculpteur. « Il s’agit de découvrir le travail d’un artiste à travers le regard d’un autre artiste », complète Maïlys Seydoux-Dumas. Si tous deux ont déjà exposé ensemble, c’est la première fois qu’ils se retrouvent à Laon. L’un et l’autre se veulent rassurants, « D’hier à deux mains » est une exposition spécifique conçue pour la Maison des arts et loisirs de Laon. « J’ai toujours été épaté par l’espace qu’offre ce lieu, par sa lumière, le rêve est devenu réalité », se réjouit Haïm Kern. Un rêve que chacun parcourir jusqu’au samedi 23 décembre aux jours et heures d’ouverture de la Maison des arts et loisirs et cela gratuitement !

   
Deux artistes confrontent leurs oeuvres  


L'Union,15 octobre 2023, par Marie-Pierre Duval


Laon Avec « D’hier à deux mains », la Maison des arts et loisirs ouvre sa saison de belle façon. Haïm Kern et Maïlys Seydoux-Dumas racontent leur art avec délicatesse.
Le bronze travaillé avec finesse par Haïm Kern côtoie les pastels colorés de Maïlys Seydoux-Dumas. Pour la première fois, le sculpteur s’installe à Laon pour une exposition qui va durer deux mois et demi, il n’est pas seul, il est accompagné de Maïlys Seydoux-Dumas, une artiste avec laquelle il collabore depuis quelques années. Connu de nombreux Axonais pour sa sculpture exposée sur le Chemin des Dames « Ils n’ont pas choisi leur sépulture », Haïm Kern présente à la Maison des arts et loisirs avec « D’hier à deux mains » une sorte de rétrospective de soixante ans de vie d’artiste à travers le regard de Maïlys Seydoux-Dumas. « Il y a eu comme un tilt lorsque Maïlys a commencé à dessiner et ainsi dialoguer avec mes oeuvres », explique Haïm Kern.

Un double regard que l’on retrouve à de multiples reprises
L’homme saisit alors ce qui peut être intéressant dans cette collaboration. «Montrer l’oeuvre d’un artiste à travers le regard d’un autre artiste, ici se rencontrent des oeuvres anciennes, les miennes, et celles plus récentes de Maïlys. L’idée de l’expo a jailli là. » À ses côtés, Maïlys Seydoux-Dumas confirme, elle s’empare de l’un de ses tableaux et explique : « J’arrive chez Haïm, je regarde, son univers me parle, je dessine quelque chose de tout simple, je regarde par la fenêtre et je dessine son balcon et tout d’un coup, je relève que le fer forgé du balcon, on dirait les mailles du filet. » Ce filet présent à de nombreuses reprises dans l’oeuvre de Haïm Kern.

Haïm Kern
De ce balcon, on distingue la porte de l’atelier du sculpteur, Maïlys a intégré ce détail dans son tableau, il devient alors « un morceau de vie qui se lie à d’autres, une façon de faire comprendre un peu plus Haïm et son oeuvre ». De son côté, le sculpteur a livré des mots à Maïlys, qu’elle a mis en couleur, «comme un commentaire que l’on pourrait avoir, qu’elle dessine ensuite », explique Haïm Kern. Ce double regard, on le retrouve à de multiples reprises dans cette exposition baptisée fort à propos « D’hier à deux mains ».
Ce n’est pas la première fois que les deux artistes collaborent. « On a fait, il y a un an et demi, une exposition commune à Saumur, A chacun son étoile », rappelle Haïm Kern.
« Là, je racontais mon histoire avec une étoile et les textes de Haïm accompagnaient mes tapisseries, mes peintures , précise Maïlys Seydoux-Dumas. Dans chacune des pièces, il y avait mon histoire mais aussi celle de Haïm, grâce à une grande sélection de pièces qui appartiennent au département de l’Aisne. »

La poésie n’est jamais loin avec Haïm Kern
Le fil conducteur de l’exposition proposée à la Maison des arts et loisirs consistait au départ pour le sculpteur à « faire une espèce de rétrospective du don des oeuvres que j’avais laissé au département et là-dessus, quand j’ai vu le travail que Maïlys avait commencé par les pastels et les craies. Je me suis dit cela va ensemble. Ce n’est pas que l’un explique l’autre, mais c’est plutôt une espèce de visite. Et puis, surtout j’aime son travail, le côté un peu sec du bronze et le jaillissement de couleurs, ça voisine très bien ensemble. »
Au fil des pièces exposées, on retrouve la présence symbolique du Plateau de Californie et de la Caverne du Dragon, « à travers les oeuvres classées dans la catégorie violence, la violence de toute nature » confie l’artiste.
Malgré tout, l’homme sait aussi faire preuve de beaucoup de poésie dans sa façon de jouer avec les mots, comme le « Nuage », si lourd de bronze mais si léger dans sa structure. Les mots et la sculpture se mêlent toujours habilement.
Enfin, si les Axonais connaissent sa « Liberté » exposée dans les jardins de la préfecture de l’Aisne, les visiteurs de la MAL découvriront comment le facétieux nonagénaire décline le mot espoir. La poésie et l’humour gardent toujours leur place malgré la dureté des sujets abordés.

   
Maïlys Seydoux-Dumas - En son théâtre de peinture  


22 juin 2023, par Stéphanie Dulout
, critique d'art pour l'Éventail et Acumen

Les tableaux de Maïlys Seydoux-Dumas sont comme des contes, des portes ouvertes sur d’autres mondes. Ils ressemblent au réel mais ouvrent d’autres espaces — des espaces flottants où tout murmure et chancelle, des espaces colorés peuplés d’objets et d’ombres qui nous font perdre pied et nous envoler vers des ailleurs, à la manière des rêves ou des songes, pour atteindre, en secret, les profondeurs du cœur.
Peintures sur papier, bois gravés, pastels, tapisseries, et même, « objets à porter »… si leur medium varie, et si le terme de « tableau » est à prendre dans son sens second (dans son sens dramaturgique), ces œuvres apparaissent bel et bien comme autant de « tableaux de scène » où se joue, avec fantaisie et poésie, le petit théâtre de la peinture ; celui des ombres et des reflets, des perspectives renversées et des figures rebelles… C’est d’ailleurs « Les Objets et leur théâtre » que Maïlys a intitulé l’une de ses séries de peintures. On y voit les objets de l’atelier prendre la pose, des tasses, des verres, des théières, des pots, des bouquets, des livres, des sellettes, des fruits, des coquillages et des étoiles de mer… sans oublier, la fenêtre de l’atelier : tout un petit monde traditionnellement dévolu à la nature morte mais qui, là, sur le papier froissé, semble parader et plus que jamais vivant… Disposés sur la table de l’atelier comme sur une scène, souvent peints en plongée ou en cadrage serré sur du papier froissé (ayant préalablement été mouillé), ou sur toile, ce « bel équipage » de plantes et d’objets semble se mouvoir et parfois même se dissoudre en ses ombres, pour nous conduire, sur les pas d’Alice au Pays des merveilles, de l’autre côté du miroir. On part ainsi À la recherche des Bois perdus (série de 2022) ou à La Quête de l’étoile (2021) en savourant la richesse des camaïeux verts, bleus, mauves, jaunes…, dans des espaces souvent saturés de couleurs.
Des couleurs qui, dans les bois gravés prennent une belle gravité et, dans les tapisseries, gagnent en fraicheur, tandis que dans les pastels elles prennent tout leur éclat. Un éclat plein de suavité où l’on pourra entendre l’écho des suaves crépitements des maîtres de la couleur radieuse…
Ainsi, dans La Naissance du pré (série d’huiles sur papier réalisée entre 2022 et 2023) voit-on crépiter L’Amaryllis en un feu d’artifice de carmin, de garance, de jaune d’or et de grenat quand dans La Forêt intérieure, ce sont les verts et les oranges brulés qui caracolent au premier plan comme emportés dans un tourbillon. Plus posé, Le Jardin de Candide n’en fourmille pas moins de couleurs savoureuses, des verts tendres, des bleus givrés, des cerises qui nous font goûter au bonheur des jours paisibles… Celui que l’on voyait poindre déjà dans La Quête de l’étoile (2021) et La Recherche des bois perdus (2022) à travers de grands aplats de peinture mauve, rose ou bleue (Terre terre au 45, L’Acer prend l’air, Les Feuilles…). Ainsi est-on ému devant cet érable solitaire « planté » face à cette grande étendue de bleu ou face à ces Feuilles flottant ou voguant sur un autre bleu, plus clair et plus limpide. Mais que nous disent ces plantes en pots ? Qu’il nous faut « cultiver notre jardin » pour accéder au bonheur ?

 
   
Éclat en fusion  


Côté Sud, décembre 2022, par Aurélie des Robert. Photos  : Nicolas Millet

Souvenir, symbole, emblèmes, spiritualité... les bijoux transcendent leur propre esthétisme et rayonnent bien au-delà de leurs vibrations. À porter seul en affirmant la froce d'une pièce ou à associer pour qu'ils entrent en résonance, ces pépites dévoilent des trésors de créativité et de savoir-faire. Sur fond de céramique, ils livrent la singularité de leurs lignes et l'intensité de leur éclat.

Voir l'article.

   
Maïlys Seydoux-Dumas, âme de poète et mains en or  


Le Figaro, 10 octobre 2022, par Elodie Baërd

Cette artiste à la sensibilité à fleur de peau vient d’imaginer, en s’inspirant de pelures de pommes, de délicieux bijoux pour la galerie MiniMasterpiece à Paris.

En montant les escaliers menant chez Maïlys Seydoux-Dumas, dans une rue commerçante du 17e arrondissement à Paris, on soupçonne la hauteur sous plafond de son atelier. Ce qui se confirme en franchissant le seuil: une immense verrière baigne de lumière (celle du nord, évidemment) le repaire de cette artiste touche-à-tout. Elle travaille là depuis une vingtaine d’années. Aux murs sont accrochés des huiles sur papier, des tableaux faits à partir de gravure sur bois, une tapisserie monumentale, quelques plantes, des coquillages et des étoiles de mer sur un large meuble à papiers, des chevalets et une grande palette recouverte de peintures. L’atmosphère est d’un calme apaisant… même si ça bouillonne entre les quatre murs.

«Je m’amuse beaucoup, tout s’enchaîne, résume la jolie quinquagénaire en montrant une peinture de pelure de pommes faite il y a deux ans pour une exposition à Varengeville-sur-Mer, village de Haute-Normandie près de Dieppe où elle a passé ses années lycée et a désormais une maison de week-end avec un atelier. « Un jour, j'ai épluché une pomme, en une fois, et j'ai joué en mettant la pelure autour de mon cou car je la trouvais très belle. C'est à la fois léger et grave cette corolle de fruits, presque une vanité. » Cette expérience simple, triviale, a d'abord donné naissance à des tableaux, et plus récemment à une collaboration avec la galerie parisienne Mini Masterpiece. Maïlys Seydoux-Dumas y présente un ensemble de six bijoux en argent doré à l'or jaune 18 carats brossé. Trois colliers, deux bagues et un bracelet, édités chacun à 8 exemplaires (entre 1200 et 4500 euros), aux volumes affirmés. « Très lumineux aussi », s'enthousiasme l'artiste qui a baptisé sa collection Pomona, clin d'œil à la déesse du verger, une nymphe d'une grande beauté associée à la fertilité et au printemps quand les arbres fruitiers fleurissent.

Avec sa chevelure ondulée de madone et son teint délicat, Maïlys n'a pas rien d'une Pomona. L'art coule dans ses veines, elle a toujours vécu entourée d'artistes (sa mère, son mari, ses enfants). « C’est une façon de voir le monde. » Elle reste discrète mais certaine de ses phrases (« pour moi être peintre, c'est être vivante ») indiquent qu'elle vit l'art comme une thérapie aussi. Douce, mais décidée, « un peu ailleurs », dit-elle d'elle-même, elle cherche la poésie en toute chose. « Mes poèmes sont mes peintures. Je vis dans un monde onirique, je rêve beaucoup. J'aspire aux belles formes, à la couleur, à la vie, à la joie. Ce serait plus facile de montrer et d'exprimer des choses sombres, je m'y refuse, je veux apporter de l'air, que mon travail soit une respiration. »

Tous les supports sont bons pour cette femme qui peint des deux mains, et a commencé par apprendre la gravure aux Arts décoratifs de Paris au début des années 1990. « Le plus important, c'est d'être personnel, d'être soi », souligne Maïlys Seydoux-Dumas, qui se sent « entourée, soutenue, comprise » par ceux qui apprécient son art.

Ses bijoux sont fidèles au regard, à la fois doux et créatif, qu'elle pose sur le quotidien et ses objets, pour y trouver la beauté. « Elle est par ailleurs très perfectionniste, investie et passionnée, raconte Esther de Beaucé, propriétaire de la galerie qui édite ses pièces. Maïlys pourrait sembler un peu fragile car elle est si délicate, comme ses pelures, mais en réalité elle est très ancrée, très concentrée. Ses créations dégagent elles aussi ce mélange de poésie et de puissance. C'est l'adéquation des qualités de l'artiste et des bijoux qui m'a convaincue ! »


   
Maïlys Seydoux Dumas
Du papier à la tapisserie
 


Par Ileana Cornea, mars 2021

Maïlys Seydoux Dumas a quitté la direction que lui imposait son chevalet. Le miroir, lui servant à faire culbuter le monde en déposant le ciel infini à ses pieds une fois brisé, met fin à l’illusion d’un monde cadré aussi vertigineux qu’il soit. Récemment, elle change de support faisant chavirer l’image, la rigidité de la toile étant remplacée par la légèreté du papier.

La sensibilité à fleur de peau de cette surface accueille l’activité esthétiquement héroïque d’un petit nombre d’objets dissimulant dans des taches de couleur, les aveux que l’artiste confie à la peinture.
C’est un monde découpé, puis recomposé. Un monde de mémoire parfois explosé, un monde aérien en lévitation, sensationnel et sensitif à la fois, matériel et flottant qu’une beauté impondérable anime.

Depuis longtemps, certains objets occupent, d’une façon quasi organisée, une place dans l’atelier, dont la familiarité quotidienne les unissant à l’artiste les charge d’un pouvoir indéniablement évocatoire : les coquillages, l’étoile de mer, la pivoine, le moulin à café, les lunettes, l’orange, la pelure d’une pomme découpée, un certain « vagabond » pour ne citer que quelques-uns et qui en disent long sur les voyages, habitudes, secrets et aspirations de l’artiste.
Tous ces objets réunis dans une même œuvre témoignent de l’attachement de l’artiste à l’intimité de son atelier, sa mine d’or, d’où elle extrait des fragments de mémoire et de consolation.

Miroitant sa soyeuse texture dans les morceaux brisés du miroir, le kimono que l’artiste porte tel un fidèle complice s’avère avoir une importance prémonitoire, en ce qui concerne l’avenir de ce monde inanimé, de ses natures mortes si singulières.
Avec sa surface textile, quelque chose de l’enfance refait surface : le toucher, l’odorat, le goût, l’ouïe.

L’artiste confie de ne pas vouloir révolutionner ce genre pictural. Cependant, sa façon d’éveiller l’esprit même de ces objets tient de l’invention. C’est une dynamique dramaturgique lui appartenant. Certes, il y a des fleurs, des végétaux, des cruches, comme dans la représentation traditionnelle d’une nature morte. Mais les liaisons invisibles qui se tissent entre elle et ces objets, l’artiste les matérialise et les stimule avec de l’humour, sous la forme de mystérieuses chroniques privées, que l’on décèle en suivant une mise en scène dressée à dessin. Semblable à une pièce de théâtre se jouant énigmatiquement sous nos yeux tout comme son autoportrait en marionnettiste l’artiste tire les ficelles pour faire bouger son ombre. On comprend alors que de fil en aiguille, on arrive à tisser l’histoire de la tapisserie à venir aux fils qui la constituent comme une conséquence directe de ce qui se trame sur les papiers, froissés comme des tissus, annonçant le passage à un nouveau registre de son art marqué par la texture d’un kimono spéculatif et spéculaire en toile de fond. La fonction première d’une tapisserie c’est de tenir chaud, et la seconde, c’est d’être un récit dont le réconfort se trouve dans la trame même, une question d’être et de poésie, en quelque sorte.



Photo  : Diane Arques, ADAGP

 
RETOUR AU PAYS POUR MAÏLYS SEYDOUX-DUMAS  


19 novembre 2021, Le Courrier de l'ouest - Saumur

 

Née à Saumur et issue de la famille Seydoux, fondatrice de la Maison de Vins Gratien-Meyer dès 1864 dont son père Alain a été l’administrateur, Maïlys Seydoux-Dumas, âgée d’une cinquantaine d’années, s’est forgé un prénom en tant qu’artiste peintre. Des talents de dessinatrice qui remontent à l’enfance : l’un de ses dessins avait été sélectionné pour l’affiche de l’exposition des écoles maternelles de la ville au théâtre en 1973 !
Elle revient aujourd’hui au Dôme avec une exposition de peintures, estampes, sculptures et tapisseries en collaboration avec Haïm Kern « À chacun son étoile ». Les deux artistes ont réuni leurs travaux respectifs autour du périple d’une étoile, dont les images sont toutes authentiques bien que le récit n’en soit pas moins imaginaire.

Un atelier parisien
Maïlys est diplômée de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Après une formation de graveur, elle s’est consacrée à la peinture dans son atelier parisien des Acacias et a exposé seule ou en collaboration avec Haïm Kern au château de Varengeville, à Bruxelles, et à Paris chez Sagot-Le Garrec.
« Ma peinture, c’est un journal intime. Elle évolue en fonction des rencontres, j’aime raconter des histoires, des sentiments. J’ai commencé en réalisant des portraits sur toile avec de la peinture à l’huile. Puis, j’ai fait rentrer le miroir dans mes compositions que je posais sur le rebord de la fenêtre pour m’interroger sur le reflet et la quête d’identité. Et surtout, comme je n’aime pas les habitudes, j’ai voulu sortir du cadre, aller vers des matériaux plus libres après avoir touché à la lithographie, en travaillant sur des matériaux vivants papiers épais et, depuis un an, sur bois gravé autour du Périple de l’étoile. Je reviens à la gravure en tant que peintre et me suis lancée dans sept grandes tapisseries pour cette exposition. »
« Ma collaboration avec Haïm Kern, sculpteur et poète, est le fruit d’une amitié de trente ans. Elle est née autour du poète Jean Tardieu. Haïm habille mes œuvres avec humour et poésie dans le dialogue. »

 


   
À CHACUN SON ÉTOILE  


Septembre 2021, Le Dôme - Saumur Val de Loire Agglomération - Saison culturelle 21-22

Haïm Kern et Mailys Seydoux-Dumas
du mardi 16 novembre au mercredi 1er décembre 2021
ouverture du mardi au dimanche

En partenariat avec le Conseil départemental de l'Aisne, «  À chacun son étoile  » nous parle du périple et de l'espoir de tout homme. Né en 1930 à Leipzig, Haïm Kern a fait ses études à l'École Nationale Supérieur des Beaux-Arts de Paris et s'est formé avec une grande précision et beaucoup de talent à de multiples domaines artistiques comme la gravure contemporaine, la peinture et la sculpture, qui restera son activité principale. Il est entre autres le créateur de l'œuvre « Liberté, égalité, fraternité  » offerte par la République française à tous les chefs d'État présents aux célébrations du bicentenaire de la Révolution française.

Née à Saumur, Maïlys Seydoux-Dumas est diplômée de l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Après une formation de graveur dans l'atelier de Jean Clerté, elle se consacre à la peinture. Elle expose seule ou en collaboration avec Haïm Kern au Château de Varengeville, dans les galeries Lanzenberg à Bruxelles, ART Élysées, Koralewski à Paris et Sagot-Le Garrec. Fin 2020, elle utilise pour la première fois la technique du bois gravé. Ce sera un album de 30 estampes, Maïlys dans ses bois. En 2021, naît le projet de la réalisation des 6 tapisseries composant Le périple de l'Étoile. Elles sont présentées pour la première fois en novembre 2021 au Dôme de Saumur.

 


   
Varengeville-sur-Mer
Un jardin sur les falaises
 

Un livre de Cécile Guérard et Vincent Thibert. Consulter l'extrait...

   
SCÈNES D'ATELIER  

Août 2020, Les informations dieppoises

Imaginez une artiste peintre dans son atelier parisien pendant le confinement, qui s’interroge sur la survie et l’utilité des artistes ans un monde qui les enferme et les oblige à ne plus vivre de leur créativité…
L’exposition « scènes d’atelier » présentée par Maïlys Seydoux-Dumas au château de Varengeville jusqu’au 16 août est un condensé de ces interrogations existentielles, couché sur papier froissé qui se dévoile en 12 saynètes.
L’artiste a imaginé une sorte de casting d’objets pour composer une troupe de personnages ayant une âme. C’est le théâtre des objets et une manière bien pertinente de représenter cette « détestable période » que l’on vit actuellement. Les œuvres de Maïlys Seydoux-Dumas entretiennent un dialogue avec les textes et poèmes d’Haïm Kern, poète ami de Jean Tardieu. À travers cette série d’objets personnages, on y retrouve beaucoup de symbolisme et une forme de naïveté relevés aux couleurs chaudes. Des roses, des mauves qui donnent des envies de douceur et de légèreté.
Bienvenue dans le théâtre des objets de Maïlys Seydoux-Dumas. Le casting retenu mérite qu’on s’y attache et qu’on ne regarde plus comme avant ces objets qui font le quotidien de chacun.

   
DANS L'OEIL DE MAÏLYS SEYDOUX-DUMAS  

13 août 2020, Paris Normandie

C’est une exposition ludique que l’on peut apprécier jusqu’au dimanche 16 août au sein du château de Varengeville-sur-Mer. L’artiste, Maïlys Seydoux-Dumas a choisi le lieu pour y montrer ses dernières œuvres. Cette Parisienne qui a, depuis l’enfance, ses habitudes à Varengeville pendant la saison estivale particulièrement avait déjà exposé ses créations à la maire en 2015 sous le titre « des miroirs et des fenêtres ».
Cette fois, elle a opté pour une exposition baptisée d’un titre encore plus long et tout à fait explicite : « Le rideau se lève aux Acacias, scènes d’atelier ».

Une fenêtre sur Paris

Pour cette étape, elle est accompagnée de Haïm Kern, qui a signé les textes d’illustration des peintures. Le principe est assez simple : l’artiste a représenté sur papier et sur de grands formats ce qu’elle voyait depuis les fenêtres de son atelier parisien. Le résultat, très coloré, est accroché sur des cimaises. Les créations sur papier sont bien mises en valeur par l’espace et la lumière qui règne dans la grande salle. Et puis sur de longues tables, figurent d’autres œuvres plus petites, rectangulaires, où l’artiste a figuré un détail des grands formats accompagné d’un poème de Haïm Kern. Il reste au visiteur à chercher quel détail a sélectionné la créatrice : « c’est une forme de théâtre où les objets sont des acteurs des saynètes indépendantes les unes des autres et pourtant intégrées dans un ensemble. Les objets que j’ai choisis ont un sens fortement symbolique pour moi », explique Maïlys Seydoux qui travaille sur cette exposition depuis décembre.
   
MAÏLYS SEYDOUX-DUMAS  

Par Stéphanie Dulout, janvier 2020, L'Éventail (Belgique)


“Regards voilé, regards volés, regards violés…”, regards brisés dans un “miroir étoilé”… “Est-ce le jour ? Est-ce la nuit ? / Dans le jardin tout endormi, / attendant un demain qui tarde, / une lueur encore blafarde / hésite / La nuit tombe, le jour se lève, / mais mon amour survit au rêve.” Résonnant magnifiquement, les poèmes de Haïm Kern et les lithographies ou huiles sur papier de Maïlys Seydoux Dumas nous transportent vers des Haut Delà tout en murmures, soupirs et miroitements.
   
MAÏLYS SEYDOUX-DUMAS  

Octobre 2019, L'Éventail (Belgique)
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L'ENVOL DU GRIS, PLONGÉE EN BLEU, L'ÉCLAT NOIR, TRAVAIL DE L'OMBRE, UN SOIR DE DEMI-BRUME, MIRAGES, CRÉPUSCULE... TOUTE DE DOUCEUR ET D'ÉTRANGETÉ, BAIGNÉE D'UNE QUIÉTUDE MÊLÉE D'INSTABILITÉ, SEMBLANT SANS CESSE AU BORD DE LA BRISURE.

Faisant toujours planer L'Ombre d'un doute, la peinture de Maïlys Seydoux-Dumas est comme un grand Rêve en chantier. Ou plutôt un journal intime. D'autoportraits en paysages vus à travers des fenêtres voilées ou des miroirs brisés, elle joue À cache-cache avec la figure et ses reflets dans les espaces flottants et fragmentés de l'atelier. Vue Par-dessus, par-dessous, voilée ou obstruée par des parcelles de miroir flottant sur le motif peint, elle donne à voir des corps et des formes comme en lévitation, au bord d'un précipice. Une vertigineuse introspection dont la transparence des demi-teintes et des tons souvent pastels témoignent de la profondeur.

   
MAÏLYS SEYDOUX, L'ÉPREUVE DU MIROIR  

Par Ileana Cornea, janvier 2018, Artension


L'intérieur de l'atelier et ce qu'elle aperçoit de sa fenêtre, c'est son sujet. Elle a disposé son miroir de manière à capter le reflet du ciel. "Il représente pour moi l'espace d'une grande piscine où plonger. Le miroir, c'est une façon de rentrer dans mon imaginaire." Sa thématique principale tourne autour de la dialectique du dehors/ dedans. De même pour ses autoportraits, le miroir lui offre son double-trouble.

L'auto représentation semble susciter chez Maïlys Seydoux un état affectif proche du Das Unheimlich freudien, que la psychanalyste française Marie Bonaparte traduit par I'« inquiétante étrangeté ». Le face à face inspire la série Méduse, qui nous ramène au Caravage. Dans un miroir ovale, elle présente son visage ou plus subtilement une petite partie de son visage, détachée du reste du corps. Croyant infirmer ainsi son narcissisme, elle le peint ensuite réduit en miettes, courant par terre, mutilé et scintillant dans les éclats de verre.
L'infinité du moi se perd comme l'image de Narcisse dans une eau trouble. Le trouble-fête, c'est l'acte de peindre, brisant la glace de la vanité et laissant la place à la rêverie.

« Je suis un corps. »

« Je ne peins pas avec ma tête, mais avec mon corps ». Elle pourrait dire aussi : je me paye ma tête avec mon pinceau. Son iconographie est riche en signes, titres détournés, l'humour rejoignant la plus sérieuse des scènes. On reconnaît la silhouette de l'artiste, tenant dans sa main gauche en guise de palette un miroir, réfléchissant son visage, et dans l'autre main, un énorme pinceau, tel un fleuret dangereux. Elle semble avancer d'un pas déterminé, en céphalophe mousquetaire, arborant la dignité de Saint Denis. À part les mains et le cou, la chair proprement dite reste cachée. Le corps est enveloppé, protégé par la superposition de différents tissus. Rideaux, kimono, châle, collerette, fauteuil, bâches... Les tissus occupent une place prépondérante dans sa peinture. Que veut-elle protéger ?

Le chantier d'en face

Elle ouvre l'espace et la surface de la toile et métamorphose le vaste chantier architectural qu'elle aperçoit de la fenêtre de son atelier. Des perspectives nouvelles libèrent le regard. La transparence voile l'image. Le mouvement des rideaux laisse soupçonner un léger coup de vent dont on ne saurait dire s'il vient de l'intérieur ou de l'extérieur. D'ailleurs tout semble balayé par on ne sait quel souffle qui emporte le motif, dans un éblouissement sensuel. Comme à Venise, la ville théâtre se dédoublant et tanguant sur les eaux, les surfaces liquides et les surfaces sèches et spongieuses se répondent. Maïlys Seydoux voit dans le double la troublante poésie affolant la réalité et le bon sens.
Le spectre de Bonnard semble cracher de ci et de là son feu, et celui de Vuillard, terminer quelques arabesques savantes sur le kimono bleu et soyeux s'étendant comme une amphore sur une grande toile, au fond tissé et découpé, au milieu, par la géométrie étrange du miroir brisé. À contre-pied du vacarme suscité par l'atmosphère de la vie actuelle, il règne ici le calme de l'atelier. Le bruit d'un miroir qui part en éclats et crève le silence. Les lumières des fenêtres voisines s'allument. Des ouvertures, la renaissance, la fête du regard surpris par cette ambiguïté sensuelle du Noli me tangere parce que chez elle, la peinture est et demeure peinture.

   
MAÏLYS SEYDOUX, PUZZLE  

Par Muriel de Crayencour, 17 novembre 2016, Mu in the City
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Première exposition solo pour la peintre française Maïlys Seydoux
 à la Galerie Fred Lanzenberg à Bruxelles. De grandes toiles verticales reprenant systématiquement la silhouette de l'artiste, à la fois présente et invisible, dans une palette de tons moelleux, où le beige doré de la chair illumine le gris du verre et des miroirs.

On pourrait croire que c'est l'artiste elle-même qui est au centre de ses toiles. Il n'en est rien. Ce qui est au centre, tant de l'image que du processus créatif, c'est le reflet. Utilisant des miroirs qu'elle place devant elle ou à l'horizontale, Maïlys Seydoux compose une image morcelée, elle y voit son reflet, qu'elle peint ensuite. Il n'y a pas de visage. A chaque fois, le visage est masqué par la composition ou par des éclats de verre et de miroir.

Voici deux mains fines posées sur un miroir. Elles sont donc soudainement quatre. Voici un buste de femme, reflété dans un miroir, donnant l'image d'une carte à jouer. C'est une double reine. Toujours sans visage. Voici deux yeux, séparés, qu'on aperçoit chacun sur un morceau de miroir. Voici mille bris de verre, chacun reprenant un lambeau de silhouette. Le reflet est multiple. {...}

Peut-être est-ce une invitation faite à nous, spectateur, celle de refaire le puzzle, d'aider l'artiste à prendre visage. Très beau.

   
L'OEUVRE DE LA SEMAINE : MIROIRS BRISÉS  

Par Guy Gilsoul, 19 novembre 2016, Le Vif
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Une silhouette s'est approchée d'un vaste miroir posé à l'horizontale sur ce qui pourrait être une table de travail.

On ne verra ni sa tête. Au mieux distingue-t-on la position des bras, abandonnés le long d'une veste sombre. Une fleur séchée s'est déposée au bord de la surface brisée sur laquelle, suspendus, se dispersent quelques éclats tranchants.

Est-ce là, l'image et l'expression pour l'artiste française Maïlys Seydoux d'une introspection commencée aux premières lueurs des années 2000. Au-delà de quelques portraits anciens, l'oeuvre s'est en effet concentrée autour d'un seul thème : "elle". {...}

Ou alors des miroirs qui puissent absorber le ciel, la nuit, l'univers et voler en éclats.

Cette thématique introspective est devenue rare dans le spectacle offert dans les galeries. A l'heure du selfie, cette peinture remet les pendules à l'heure. Maïlys Seydoux ne montre plus son visage mais elle ne se dérobe pas à elle-même. Et du coup, elle exige aussi de celui qui regarde cette oeuvre, cette même sincérité du regard.

Pour la première fois, elle expose là où son époux, le peintre Stéphane Erouane Dumas a depuis longtemps conquis le public belge.

   
MAÏLYS SEYDOUX, IBI OCULUS, UBI AMOR - LÀ OÙ EST L'OEIL, LÀ EST L'AMOUR  

Par Ileana Cornea, octobre 2016

Maïlys Seydoux a trouvé sa voie : explorer l’intimité et la singularité de son monde qui, par une identification sensible et naturelle, est aussi le nôtre. La solitude de l’être entraine la solitude de la création et la solitude de la création dirige la forme et la fonction qu’elle doit prendre.

Sa touche comme ses aplats sont une caresse d’une douceur infinie. Avant même d’entamer la figure, elle donne à sa toile la lumière et les vents propices qui vont diriger ce qui va bientôt apparaître pour l’animer. Après une longue confrontation avec la réalité doublée de ses chimères, l’artiste donne des contours aux choses. « La main est un œil » dit elle. Elle lui confie les choses fragiles et réelles faites de petits doutes. C’est ainsi qu’elle a envisagé ses portraits qui l’ont fait connaître. Tout comme son autoportrait où son moi disparait en proie à ses vertiges poétiques. Ses questionnements portent sur la perception du réel et ses outils envisageant la possibilité d’être peinture.
Les objets de son atelier, très peu d’ailleurs, d’humbles coquillages, des pierres ou la petite tortue en céramique jaune posés comme d’étranges trésors sur la table participent à sa création, et pas seulement en tant que modèles. À l’instar de ses pinceaux, ils agissent telles des lentilles étranges corroborant les formes et augmentant la possibilité du voir. Les rideaux lui enseignent les transparences et les fluides constituant ses fonds uniques. Les fleurs séchées la couleur de la nostalgie qui enveloppe son monde sortant timidement de l’obscurité et ses coquillages, le calice de ses obsessions.  Parmi eux, le miroir joue depuis quelques années un rôle privilégié. Il lui sert de support pour renverser l’ordre de la réalité la faisant basculer dans un nouvel espace bouleversant les lois de la pesanteur.
Le miroir n’est pas le double de son moi, rien de narcissique ne vient perturber la recherche de l’image dans le réel qui se dérobe à ses yeux, un peu comme pour Giacometti la figure de son modèle japonais. Le miroir est sa machine à mieux voir, son œil perfectionné, le ciel infini. 
Elle a brisé son miroir désormais. {...}
  
« Si en moi le regard était un œil, comme il est en toi, mon Dieu, alors je verrais toutes choses en moi. Car l’œil est réfléchissant et le miroir, aussi petit soit-il, peut recevoir en lui l’image d’une grande montagne et de tous les êtres qui se trouvent sur cette montagne. Et ainsi l’espèce de toutes choses est dans l’œil réfléchissant. Cependant, parce qu’il ne voit par le moyen de l’œil réfléchissant que l’objet particulier vers lequel il se tourne, parce que sa force ne peut être déterminée que par un objet particulier, notre regard ne voit donc pas tout ce que le miroir de l’œil peut capter. »  Nicolas de Cues.

 
   
IMPRESSIONS FORTES, CÔTÉ PARIS, JANVIER-FÉVRIER 2016  

Reportage sur l'appartement de l'architecte d'intérieur Brenda Altmayer. Plusieurs toiles de Maïlys Seydoux-Dumas y figurent. Consulter l'article...

   

Par Louis Doucet - Mac Paris 2015

Maïlys Seydoux-Dumas peint des fragments d’autoportraits reflétés dans des miroirs, entiers ou brisés. Sujet unique du tableau, elle n’en occupe cependant pas le centre. Les images éclatées sont réparties sur la toile, laissant une large place à des fonds, somptueusement sensuels, où peuvent apparaître, comme dans un geste de pudeur, quelques accessoires secondaires destinés à détourner l’attention.
L’artiste nous parle évidemment de présence, mais cette présence est fragile, immatérielle et distanciée, comme dans un rêve éveillé. Le temps semble suspendu, ambigu, comme dans certaines œuvres intimistes de Vuillard. On devine une sourde menace, l’imminence d’un drame inavouable, mais rien ne permet d’en déceler le moindre indice. On pense aussi à cette vacuité prégnante qui baigne les meilleures toiles de Hopper, revue à travers la touche sensuelle d’un Bonnard.

   
MAÏLYS SEYDOUX-DUMAS, TOUTE DE MAINS...  

Par Alin Avila - Area Revue 2015

Chaque toile nous montre quatre mains, mais on est sur que d'autres-les siennes- sont là, au-dessus de celles que l'on voit.
La main droite a-t-elle pour reflet la main gauche ? Et que vaut son reflet dans ce jeu de double miroir ?
Il faut les peindre, mais de quelle main ? Des deux bien sûr.

La dextérité, c'est ce qui est appris, et pour Maïlys Seydoux-Dumas, il ne s'agit pas de faire image de ses mains mais de les présenter. Main droite, main gauche, faites par une main ou l'autre, et voilà que commence et se rythme la fugue vertigineuse de sa quête ontologique.

Les mains parlent-elles ? ou mieux que ça : elles tiennent tête. Rien plus que les mains, bien plus que le regard, disent symétriques et debout, l'être comme à son début. En tout temps, rien plus que les mains : dans l'imploration, la prière, la caresse ou le travail invitent le corps à tous les dépassements. Les mains sont la clef de tout. Rien plus qu'elle n'est preuve de l'être et promesse qu'il sera.

La main qui se peint donne par son geste et sa touche plus que tout ce que proposent ses innombrables apparences. Les mains de Maïlys Seydoux-Dumas ne sont pas faites de doigts mais d'élancées de couleur que dirige une danse courte, fluide et concise. Instantanée, c'est le projet de toute son œuvre, se donner visage par la peinture.



   
MAÏLYS SEYDOUX-DUMAS, TO BE OR NOT TO BE...  

Lydia Harambourg - Gazette de l'Hôtel Drouot octobre 2013

Depuis sa précédente exposition, Maïlys Seydoux-Dumas a mûri son art, développant un arcane imaginaire qui l'a libéré de la soumission au sujet. Faisant suite à une série de portraits et d'autoportraits, elle a entrepris une suite de scènes narratives dans lesquelles elle s'auto-représente. Une dérive, un rêve éveillé comme le suggère « L’Echappée ». L'artiste nous livre ses songes, ses questionnements : « To be or not to be ... », ainsi titre-t-elle son exposition.Vertige, basculement des certitudes, la voilà au bord d'une baie vitrée, en haut d'un immeuble, prête à plonger. Temps suspendu, raison en retrait, appréhension du vide comme une métaphore de l'abandon de soi. Qu'y a-t-il derrière ou devant ? La peinture contient les réponses. Elle peint avec une assurance que lui donnent ses acquis de composition. Davantage coloriste, sensible aux matières, elle orchestre ses peintures avec générosité. La présence du miroir ne renvoie pas l’image attendue, mals décuple le songe en une suite d'images drôles, tendres pour une mise en abyme d'elle-même et de la peinture. Une série de petits formats représente des façades d'immeubles vues de l'atelier. Des pochades achevées et raffinées.



   
MAÏLYS SEYDOUX-DUMAS, L’ÉPREUVE SPÉCULAIRE OU L'AUTOPORTRAIT  

Ileana Cornea - Saint Hippolyte du Fort août 2013

Maïlys Seydoux-Dumas peint des portraits : le portrait de son mari peintre, de ses enfants, de sa mère, de ses amis, de son marchand. Elle dresse toute une galerie de figures ; ses intimes, ses modèles avec tout ce que cela implique de personnel, d’ambigu, de clair, de tendre, de trouble.
Elle observe et dévoile les visages, leurs volumes, leurs touchantes asymétries, leur carnation, leur environnement, l’être au repos qui attend, qui pose.
Le modèle essaye de bien se tenir, il croit qu’il tient à son visage, à son habillement, à l’attitude, à la coiffure, au livre ou à l’objet qui l’accompagne et qui le rassure.
Il s’imagine que le peintre voit ce qu’il ne sait pas. Qu’est-ce-que « le tissu de l’âme » se demande le philosophe Gilles Deleuze ?
« Mes enfants, je vous préviens que ce n’est pas moi. J’avais en une journée cent physionomies diverses selon la chose dont j’étais affecté. J’étais serein, triste, rêveur, tendre, violent passionné, enthousiaste, mais je ne suis jamais tel que vous me voyez. » Se défend Diderot, le philosophe et le critique d’art pris en étau pour l’éternité par Van Loo. En commentant son portrait, il ne se laisse pas faire, il réalise son autoportrait littéraire. {...}

De dos, sur le toit d’un immeuble parisien, de trop longs pinceaux à la main portant des traces de couleurs, elle se représente elle-même.
Quelque part sur un sombre océan, elle se laisse emporter par une nacelle légère, un tapis volant à franges, disparaissant presque dans un miroir sorcière, représentant ses mains qui arrangent un bouquet de fleurs et peint ses petits escarpins noirs à talon derrière un guéridon. « Vous ne pouvez pas répondre présent comme tout le monde ? » Nous pourrions le lui demander, comme le professeur demande à l’élève Hamlet dans le poème Accent grave auquel Maïlys s’identifie en assimilant ce poème à l’aventure de la peintre face à elle- même. Elle l’élève, à l’école de la Peinture : Où suis-je ?

Quelque part entre Hopper et Bonnard dirait le critique.
L’artiste semble répondre qu’elle le remercie beaucoup pour cette comparaison flatteuse mais pour sa part, les coïncidences que le critique débusque en rapprochant leur peinture de la sienne lui échappent, comme elle s’échappe à elle-même, comme l’élève Hamlet, qu’elle aime beaucoup, échappe à la question du professeur et comme Diderot cherche à échapper à Van Loo.

Maïlys Seydoux-Dumas, la peintre des portraits en se portraiturant elle-même fusionne avec sa rêverie en déjouant le miroir. Jouissant de la lumière douce et tamisée de son atelier, son jeu de cache-cache avec elle-même n’a rien d’innocent. Elle se sert des genres picturaux : de la nature morte comme garde-fou et du miroir comme sa mise en abîme. Elle construit un récit tout en restant fidèle aux lois de la peinture, à l’ubiquité de l’œil, à la liberté de la poésie suggérant la réalité audacieusement, par énigmes. Sa prestidigitation sur l’artiste et son effigie rappelle les aventures de l’artiste face au miroir depuis les Epoux Arnolfini par van Eyck, en passant par le Radeau de la Méduse de Géricault qui n’a rien à voir avec l’ autoportrait.
Jonchée sur les toits d’un immeuble parisien, elle regarde en bas, le précipice...
Il n’y a pas de peinture à propos de rien...

   
MAÏLYS SEYDOUX-DUMAS  

Myriam Simon - Le Revenu novembre 2013

En entrant dans la galerie Koralewski où sont exposées les oeuvres de Maïlys Seydoux-Dumas, c'est l'artiste qui vous accueille. Elle figure en effet sur tous les tableaux. Maïlys Seydoux a pris le parti de se représenter sur toutes ses toiles. On découvre cette jeune femme formée à l'École des arts décoratifs, armée de ses pinceaux et flottant sur un tapis volant ou de dos à sa fenêtre, ou encore seulement ses mains dans le reflet d'un miroir.
Tout laisse à penser qu'elle se concentre sur elle puisqu'elle est son propre sujet. Il n'en est rien. C'est avec humour et dérision qu'elle peint son reflet dans un miroir rond, tour à tour étonnée, interrogative, pensive. Ces autoportraits inversés nous emmènent dans son monde, elle semble nous indiquer une direction à suivre. Elle se livre aux regards des autres mais «elle s'éloigne de la réalité pour naviguer vers ses rêves », explique le galeriste Tadeusz Koralewski.
Maïlys Seydoux-Dumas est un sujet du tableau, mais pas le centre du tableau. Ainsi, lorsqu'elle se représente de dos en pied, regardant dehors, les épaules lourdes, entourée de fenêtres aveugles, on ne voit pas tout de suite l'environnement figé, sans aucune présence. Il faut s'inviter dans sa toile. Elle utilise une gamme de gris ou de beiges, piqués de touches lumineuses de vert ou de jaune qui colorent une certaine mélancolie. Elle se décline en entier ou par fragments dans les petits et grands formats de toiles solitaires, de diptyques et de triptyques.
Une peinture de Maïlys Seydoux-Dumas représente un véritable rendez-vous avec l'artiste.

   
LE TEMPS EN SUSPENS...  

Ileana Cornea - Paris, novembre 2010.

Maïlys Seydoux peint des autoportraits, portraits d’amis, des gens de sa famille...la vie privée. Sa peinture est intimiste comme chez Vuillard mais plus intériorisée, plus économe que celle de l’artiste nabis. Elle reste imperméable aux influences extérieures. Quasi-janséniste, elle aime les possibles non pas les défis.

Le portrait et l'autoportrait en tant que genres spécifiques elle les réinvente à sa manière. La raison d'être de ses toiles va au delà des attributs de la personne représentée et de la question de la ressemblance. L'artiste peint leur part de silence. Elle montre ce que d'eux-mêmes ils ignorent.

A travers leurs attitudes confidentielles, ils dévoilent leur identité par un geste, par un mouvement anodin : une femme légèrement penchée semble chercher quelque chose dans un miroir invisible. Une autre femme tricote. Son visage sombre et la couleur rouge de son pull-over lui donne l’allure d’une sculpture en bois précieux peinte par Gauguin.

Un symbolisme latent construit subrepticement l’attitude, la figure, la composition plastique de chacun d’entre eux. Ils paraissent vivre sur la taille grace à un concours de circonstance réunissant leur être physique à leur être éthique. Leur regard reste dans l’ombre, comme leurs états d’âme. Assis, debout ou couchés sous des draps, ils ressemblent à des fragments de temps en suspens.

Son idée de la peinture.

Sur un fond blanc gris, vêtu ou vêtue d’un kimono le peintre ou la peintre, on ne sait pas très bien...Cette indétermination augmente l’ambiguïté de ce tableau manifeste. Sa bouche fait la moue. Elle ou lui tient dans sa main droite un pinceau comme si elle ou lui tenait un pendule pour chercher de l’eau. Ou bien un trésor; ou bien les lois de la pesanteur; la question de la peinture.

Chez Maïlys Seydoux-Dumas l’abord du motif l’approche d’un peintre du silence comme Giorgio Morandi que d’un portraitiste comme Van Dongen. Chez Elle, tout est construit en vue de la mesure, de l’harmonie et de la tonalité des couleurs assemblées. Elle marche à contre courant de la peinture actuelle avec détermination et conscience. Une dignité à part participe à l’intégrité de ses gestes. Sa touche est unique et même si parfoir elle semble intimidée par quelque chose qui la provoque.

Elle peint des livres et des bouquets comme si elle peignait des êtres humains. Inversement ses personnages sont brossés avec peu de matières et beaucoup d’aménité comme si elle reproduisait sur ses toiles les pétales d’une rose.

Cette égalité entre les êtres et les choses en peinture nous ramène à la question de la beauté.
Mais qu’est-ce que la beauté au juste ?
C’est la justesse, répond l’artiste.

   

Françoise Monnin, dans AZART, hors-série n°11
Portraits et autoportraits d'aujourd'hui, mars 2008.

Maïlys Seydoux interroge les reflets. Plaque de cuivre incisée, destinée à l’impression ou modèle pour une peinture, observé à travers un miroir, toujours, les formes représentées sont simples mais les compositions décalent la réalité, en révèlent les failles. Peintre de natures mortes, l’artiste (formée à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs) réinvente ainsi ses sujets; des livres qu’elle aime, des objets qui l’entourent, des fleurs séchées, récemment. Depuis toujours, elle retravaille régulièrement une série d’autoportraits. “Un thème dans lequel je ne plonge pas complètement, mais qui m’accompagne”, dit-elle, en dévoilant ces figures d’elle-même, qu’elle range sitôt peintes; en petit, sur des formats modestes, que son buste habite complètement, ou sur de plus grandes toiles. Son reflet figure alors dans un miroir, planté au milieu des pots de couleurs, des bouquets de pinceaux. “Ce sont des repères, un fil à ne pas couper, des choses qui ne sortent pas de l’atelier”. Evidence cependant : comme les autres thèmes abordés, ce visage et ce corps habitent intimement le paysage quotidien. “Ils sont sous ma main”. Et se pendre soi-même, “c’est moins impressionnant que de faire le portrait de l’Autre. Inutile de prendre soin. Avec soi-même on ne cherche pas la ressemblance. On peut la trouver, à certains moments. Il faut dilater ses propres traits jusqu’à se retrouver”.

Travail de peinture, fondamentalement : la touche trouble la surface, les tons ouatent l’ambiance, les compositions évoquent des rébus. Travail d’introspection aussi : se peindre permet d’éprouver “la peur de son visage et des autres visages auquel il fait penser”. C’est également “un manière de me demande qui je suis. Ce que je fais, seule, dans ce grand atelier”. Maïlys Seydoux s’interroge comme elle questionne le monde.

 
MAÏLYS SEYDOUX, MYSTÈRE  

Françoise Monnin, dans AZART, hors-série n°7, 2007

Maïlys Seydoux peint d’abord l’espace autour des objets. C’est moins intimidant. C’est aussi une pratique de graveur, apprise à l’École nationale supérieure des arts décoratifs. De cette formation, l’artiste retient l’habitude du secret. En petit format, elle “enfonce” les formes qu’elle dessine, les “protège” sous nombre de couches, avant de les faire émerger par frottage, grattage. Elle ne dit pas qu’elle dessine mais qu’elle “sort” un thème. Au commencement, elle a dessiné son autoportrait, son atelier, ses outils de travail. Assumant un “fonctionnement romanesque, provoqué par la priorité donnée aux intuitions”, elle s’est ensuite attelée à représenter des livres ouverts, accumulés et disposés de telle sorte qu’ils se noient les uns dans les autres ; rien que des livres, consacrés aux artistes qu’elle aime, dont elle feuillette les pages.
Elle les métamorphose en frises ou en “boules” de modules géométriques. Elle travaille des contours, privilégie la sensation de présence, délaisse la perspective classique. Demeurent des pavés monochromes, contenant d’autres pavés monochromes (les illustrations des pages). La table qui supporte les ouvrages, la lumière qui les inonde, cloisonnée par l’ombre des croisées des fenêtres, subissent le même sort. Les formes s’embrassent. Tissées les unes avec les autres, elles abolissent l’espace et neutralisent le temps. Les tons sont subtils, étrangement atmosphériques; la matière, mate et dense, curieusement minérale.

La réalité ? Maïlys Seydoux la perçois comme une Abstraction. “Tout mon travail consiste à sortir de moi-même ; à prendre de l’air”; à donner corps aux objets dont nous nous entourons afin de conjurer un pressentiment. Celui de l’inexistence matérielle du Monde.

 
PUDEUR  

Lydia Harambourg, dans la gazette de l'hôtel Drouot, n°43, 9 décembre 2005.

Des livres ouverts posés sur une table ou bien en piles, un atelier discrètement révélé dans la lumière vaporeuse d'une journée comme un autre, les sujets de Maïlys Seydoux ne racontent rien : ils sont l'écho de pulsations intimes. Son pinceau effleure les choses qu'il ose à peine nommer. Ce que Maïlys Seydoux peint, c'est l'espace qui circule entre les formes, leur tactilité, leur silence. La touche est fervente comme une prière murmurée. Tout dans cette peinture suggère l'incertitude de l'être et de ce qui l'entoure. Comment dire, lorsque tout semble sortir d'un rêve pour y retourner ? Seule la lumière dessine le pourtour des objets absorbés par le plan du tableau qui en renvoie la périssable apparence. La peinture est ici du côté de la confidence. Petite musique de chambre pour un temps qui n'est pas encore perdu.